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L'amour des trois soeurs Piale by Richard Millet

By Richard Millet

316pages. in8. Broché.

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Best foreign language fiction books

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C’est pourquoi elle se levait maintenant après l’heure, pour contempler, aurait-elle pu dire, l’autre côté du temps et, plus sûrement, sa terrasse, sa table et ses chaises de jardin en plastique blanc et, plus bas, les deux étroits et peu profonds bassins aux bordures de ciment peintes en blanc dans lesquels elle s’obstinait à élever des poissons rouges qui ne passaient jamais l’automne, de part et d’autre d’une courte allée de gravier en granit rose de Pérols, précisait-elle avec une espèce de fierté, concassé et mêlé à du schiste et à des cailloux blancs ramassés au bord du lac ou dans le lit des ruisseaux, le dimanche, au cours d’une promenade qui était le nœud dans lequel elle serrait le temps, semaine après semaine, puisque aussi bien, soutenait-elle, il fallait présenter correctement les choses, avec propreté, avec élégance, même : tout comme cette allée, n’est-ce pas, avec les deux bassins, la petite pelouse et, derrière la maison, le bout de potager qu’elle veillait chaque jour à débarrasser de la moindre herbe folle et des feuilles qui tombaient des grands chênes de Chadiéras, au sud-ouest, de l’autre côté d’une clôture de ciment elle aussi peinte en blanc, comme on en voyait naguère autour des gares, et qui empêchaient, ces grands chênes, que rien poussât qui vaille dans ce coin de jardin non plus que dans ce mouchoir qu’elle n’osait appeler sa propriété, sachant depuis longtemps qu’on ne possède rien, ici-bas, qu’on puisse dire à soi – pas même ce terrain, ce bout du poumon de Chadiéras n’est-ce pas, puisque, à cause de l’ombre et de l’humidité qu’y entretenaient les chênes, on pouvait affirmer que le tuberculeux y régnait encore et se vengeait de ce qu’elle ne lui avait pas cédé, n’avait voulu ni l’épouser ni même lui laisser croire qu’elle pouvait échanger ce qu’elle n’avait plus : la jeunesse, contre cette santé qui lui faisait défaut, à lui.

D’ailleurs, si elle avait parlé de l’if, c’était qu’il était au cœur de bien autre chose qu’un salmigondis de sciences occultes. Elle y songeait, ce jour-là, avec l’impression qu’elle était née là, dans l’espèce de creux qu’avait laissé le tronc en se fendant avec les siècles, et dans quoi on pouvait se tenir couché en boule, bien à l’abri sur le tapis d’aiguilles, ou bien debout, oui, même un homme épais, ou encore se cacher, tellement était dense l’ombre des plus basses branches, si vieilles et si lourdes qu’elles reposaient sur le sol – « avec, même, la plus ancienne, la plus grosse, qui, derrière, a plongé dans la terre pour resurgir comme un rameau neuf ou une espèce de serpent qui me faisait peur quand j’étais petite, plus vive encore et bien verte, avec son extrémité de jeune arbre dressé vers les grands chênes de l’allée et ses rameaux qui vont lécher ce qui reste du muret de clôture, presque partout ébouillé », murmura-t-elle, ayant retrouvé sa faconde lente et presque silencieuse pour évoquer la petite fille qu’elle avait été, là-bas, au Montheix, sa naissance dans ce domaine qui n’avait pas toujours été abandonné aux râles de la forêt et aux rares visiteurs qui, tel le petit Claude, venaient y découvrir un bout de monde qui était aussi le bout du temps, et où l’on s’étonnait que des gens aient pu vivre ainsi jusqu’à nos jours.

Oui ? J’en suis heureuse. A cet endroit, en vous plaçant le dos à l’arbre, vous êtes exactement face à l’entrée du château : une belle perspective, n’est-ce pas, même si la pelouse et la haie de troènes disparaissent sous les noisetiers. L’allée, ou ce qu’il en reste, passe devant l’if puis se redresse sur la droite devant le long bâtiment des granges et des étables, puis devant l’étable à cochons qui leur est perpendiculaire, avant de tourner encore, toujours sur la droite, formant donc, depuis l’entrée, une sorte de S, à la hauteur du puits : on m’a dit qu’il n’a plus ni margelle ni de toiture, qu’on a jeté là-dessus quelque tôle rouillée tombée du toit de la chapelle, et qu’on le devine à peine dans l’herbe… En vérité ce S est un 8, puisque l’allée ne s’arrêtait pas, comme on peut le croire, devant l’entrée du château : elle continuait devant la chapelle qui lui est adjacente, puis, de l’autre côté de la cour, devant tous ces bâtiments perpendiculaires au château, devant les ruines du grand hangar, de la remise, de la bergerie et de ce qui fut notre maison, vous l’avez vue, n’est-ce pas, il n’en reste presque rien, des pans de murs, des pierres ébouillées sous le lierre et les ronces et ces maudits noisetiers qui envahissent tout et feront bientôt oublier qu’on a pu vivre là pendant tant d’années, une vraie famille, mon petit Claude, une famille comme il n’y en a plus guère, trois sœurs, oui… Elle se tut.

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